Par John AKINTOLA
Résumé
A Ouidah, les morts ne sont pas morts. Leurs âmes, pour ce qui est de la croyance, sont quelque part où elles ont besoin de rituels pour mieux se reposer et veiller sur ceux qui sont encore en vie. C’est donc dans ce cadre que la société ancestrale a érigé un rituel pour les représenter et communiquer avec eux. Outre les rites de l’enterrement et ceux des grandes funérailles, intervient une troisième phase dans le processus d’immortalisation du défunt. Il s’agit dans ce travail d’analyser la sacralité et le symbolisme de asɛn chez les fon à Ouidah. Ainsi, de nature qualitative, cette recherche a permis de collecter les informations au moyen de recherche documentaire, de guide d’entretien et de grille d’observation à Ouidah. Les techniques de jugement a priori et de l’échantillonnage par réseau ont servi à approcher les différents impliqués dans la réalisation et l’installation de l’autel portatif asɛn chez les fon à Ouidah. Après dépouillement et
traitement des données, une analyse de contenu en a été faite. Il ressort des résultats, que l’autel portatif asɛn sert à établir une communication verticale avec l’esprit parvenu au rang d’ancêtre au terme d’un rituel complexe réalisé au cours des deux premières étapes. Ce rituel consiste en la fixation de l’esprit du défunt dans son asɛn.
Sous sa forme désormais bénéfique, celui-ci est réintroduit dans l’espace des vivants avec lesquels des liens d’un type nouveau sont noués. asɛn permet aux enfants du défunt de bénéficier de l’aide de leur
ancêtre et de communiquer avec lui. La transition vers le volet religieux du asɛn commence en ce sens qu’il est question de croyance en un être et une communication avec l’invisible.
Mots-clés : asɛn, autel portatif, communication, symbolisme, Ouidah.